jeudi 20 décembre 2007

Vous avez dit " Culture"?


La lecture de deux articles récents de la presse( sur Internet, évolution oblige!) m'ont fait méditer sur la notion de culture, avec le moins de prétention possible: un texte sur la culture française qui , selon certains, aurait perdu toute influence dans le "Nouveau Monde " et un autre sur la "perte de la mémoire" dans les sociétés occidentales.
Selon le premier, la prépondérance des "Intellectuels français" aurait totalement disparue des universités américaines. Adieu Derrida, Deleuze ou autre Foucault. Sans parler de l'école de sociologie de Bourdieu. Leur pensée visitait le vieux vingtième siècle et sentait le vieux monde. Avec leur bannissement refluent la raison à la française, la langue de Molière et un certain art de vivre.
L'autre article s'inquiète de l'invasion massive dans nos vies quotidiennes de mémoires " supplétives": d'une part les possibilités de stockage infini procurées par les puces et disques informatiques , par un effet de vases communicants, réduisent d'autant la nécessaire discipline de travail de notre mémoire avant même que la maladie d'Alzheimer n'y apporte le coup de grâce; d'autre part, l'individualisation de nos modes de vie et la tyrannie du présent atrophient la dimension collective de nos "apprentissages" alors que l'on sait que ce sont les vieilles chansons , les vieilles histoires du " folklore" ou simplement de " notre histoire" que l'on conserve le mieux." Il était une bergère...Combien de marins...Lorsque l'enfant parait..Voilà pourquoi votre fille est muette..."
Qu'est-ce qu'un monde sans mémoire? Un monde sans avenir.
Mais dans un monde " globalisé" certes mais où tout est encore possible, peut-on encore parler de culture? Locale? Française? Européenne? Chinoise, Algérienne ou Africaine, Colombienne ou Lybienne?
Quels indicateurs choisir? La consommation des produits culturels? Le caractère encore "naturel" de certains modes de vie ? La prégnance de la langue ? L'éternelle bataille entre Nature et Culture? ( la préoccupation " écologique" perturbant le débat)
Devant ces " vastes" questions...quelques nombres et quelques intuitions:
- La consommation de produits culturels : Le livre d'abord. le temps consacré à la lecture par les français, petits et grands, diminue faiblement mai régulièrement ; le temps libre est de plus en plus utilisé pour la télévision ( 4h par jour en augmentation de 2% par an) et l'informatique ( Internet : 30 mn par jour mais en augmentation de 30% par an).Le nombre de produits augmente et donc la diffusion de chaque diminue: privilège à la notoriété sur la qualité?Priorité de l'image sur le texte?Révolution dans les modes de diffusion? Rien n'est joué.
Le cinéma: le nombre d'entrées augmente , semble-t-il, dans le monde entier.Aux Etats-unis, au bénéfice des films locaux. Signe d'un repliement sur soi? En France , le cinéma américain perd 17 points de marché entre 2000 et 2007( de 77% à 60%).
Progrès du cinéma français, coréen, européen ?
Si on regarde les produits "grand public", les films américains d'action et de spectacle tel "pirates des caraïbes" le disputent aux films français " légers" tel" Les Bronzés 3". Mais quand on regarde la liste des meilleurs films pour les lecteurs de Télérama, on constate une réussite impressionnante du cinéma français et européen."La vie des autres" et "de l'autre côté" des allemands Von Donnesmarck et Fatih Akin, Le Roumain Munglu y représente le jeune cinéma de l'Europe nouvelle. 2006 avait sacré Pedro Almodovar et "Volver". Ces films disent une histoire, une atmosphère, une culture. Ces qualificatifs ne conviennent-ils pas aussi aux quelques films américains présents dans ce palmarès: avec David Cronenberg, Bilge Ceylan le turc ou Woody Allen le plus européen des américains?
Enfin la chanson: Une nouvelle vitalité avec ce que l'on appelle " la nouvelle scène française" de Delerm à Juliette, de Jeanne Cheral à Bénabar ou Sansévérino; avec la résurrection du folk américain?
- La concentration des moyens de production, des moyens financiers, la rapidité de diffusion de produits dits " culturels" à travers le temps et l'espace permettent sans doute une standardisation internationale de tous les produits, fussent-ils de l'espèce particulière culturelle. Mais ces mêmes moyens de communication permettent aussi une découverte réciproque des cultures, un échange permanent , une relativité qui mène à la tolérance et au respect.
Certes il faut veiller sur nos sabliers : car rien n'est jamais acquis et comme toujours le temps s'en va , madame, le temps s'en va ...et nous nous en allons.Il faut veiller sur nos mémoires, individuelles et collectives, même si la culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié!
On peut avoir la nostalgie du temps où toute l'Europe parlait français, où la seule langue juridique était le français.
Mais au delà de Babel. Au delà des discours affolés des prophètes de malheur confondant sagesse et angoisse, du nihilisme chic de moralistes désabusés, il nous faut construire sans naïveté ni fadeur le respect des vraies différences et l'avénement d'un Universel accepté . La langue française- et la culture peut-être- y a souvent contribué. Puisse-t-elle être encore demain porteuse de ces valeurs. Peut-être dans le cadre élargi de l'Europe. C'est le combat de ce siècle.Car il y en aura un autre.De siècle.

mardi 4 décembre 2007

Arrogance et complaisance


De Napoléon à Pétain, de Versailles à Vichy, de Munich à de Gaulle, la France dans son histoire a connu des heures de gloire et des heures de lâcheté.des heures de force universelle et des heures de soumission aux plus forts.des cris d'arrogance et des basses flatteries. Il ne m'appartient pas de juger l'actuelle période et son Président de la République: c'est l'Histoire qui le fera.
Certes la politique entre états relève plus de la défense des intérêts de chacun que de la morale.Est-ce pour autant que toutes les fins justifient tous les moyens?
Au motif d'une saine appréciation des rapports de force, faut-il s'incliner devant les puissants par l'histoire ou par les circonstances( Bush ET Poutine, Khadafi ET les FARC)?
Faut-il mépriser ceux qu' à tort on estime faibles? Les africains par le discours de Dakar, le Tchad par l'ingérence dans la justice de ce pays?
Il est troublant de constater que ce comportement apparent dans les affaires internationales est le même dans les affaires intérieures.Sitôt au pouvoir, on s'incline devant les puissances d'argent, Fouquet's, yacht et paquet fiscal. On s'attaque aux " privilégiés" que seraient les cheminots ( qui oserait-au nom de l'équité- comparer une retraite d'ouvrier du rail - même à 55 ans- et celle d'un président de la République eut-il 70 ans!)
Il me semble qu'on retrouve là tous les ingrédients du "péché originel " du sarkozysme.
Cette philosophie de l'action qui dit refuser de s'appuyer sur des idées, préférer le mouvement permanent quite à transformer les citoyens potentiels d'une démocratie forte en spectateurs fascinés d'une saga dont ils découvrent un nouvel épisode chaque jour à 20 heures.
Les français aiment le spectacle quand il est de qualité. Ils aiment parfois se laisser bercer par les flatteurs du monde médiatique , artistes ou journalistes, et oublier l'événement d'hier pour la surprise du jour.Pas de passé( la repentance est triste), pas d'avenir( entre réchauffement climatique et panne de pétrole). Un seul présent: le journal de TF1.
Mais les Français sont aussi et avant tout des rebelles. J'ai en leur sagesse une confiance entière et quand ils se réveilleront, ils ne seront pas prêts à pardonner à ceux qui ont inconscients ou cyniques bradé leur honneur et leur histoire.
La France qu'on veut nous vendre ( pour gagner plus?) n'est pas ma France . n'est pas la France des Français.N'est pas la France des amoureux de la France.
La France ne se mesure pas à la Bourse de Paris ou d'ailleurs. Elle se fait aimer dans le coeur de nos provinces. Dans l'estime des étrangers. dans la vitalité de sa langue. Dans le respect de toutes les cultures.Dans la générosité de ses grandeurs et dans l'humilité de ses compassions.
En un mot, elle n'entrera jamais au CAC 40.
Elle gardera toujours les parfums de ses poètes passés, présents et à venir.