lundi 23 juillet 2007

vacances et vigilance


Le temps s'étire.Le tour de france se prélasse: les paysages grandioses l'emportent clairement sur les vagues péripéties de la course. Même le furet se fait plus discret: il est passé par ici, repassera-t-il par là? Tous les muscles se détendent, on attend le soleil, la mer, le repos.
Allez! Une dernière consigne pour la route et rendez-vous dans un mois:
Le président a fait des choix forts. La constitution et le vote du peuple le lui permettent.Ces choix reposent sur un pari, une méthode et un style.
Le pari est celui du "Choc psychologique": finis les récriminations, les dépressions, le nihilisme. Tout le monde se remet à y croire et la croissance va repartir.
La méthode, c'est l'action: après au moins vingt ans d'immobilisme et de réflexion, il faut agir; assez de tergiversations, "je ne suis pas un intellectuel, les théories , pour moi, vous savez!"
Le style, c'est "je suis partout": présence sur tous les sujets, politique intérieure comme extérieure, surexposition médiatique ( un clou chasse l'autre), les ministres y compris le premier se demandent quel rôle de composition il peut bien leur rester.

Voilà, le rideau sur la cinquième république bis est levé. Et si l'on peut "in petto" émettre quelques réserves, il faut-beau joueur-laisser se jouer le premier acte.
"in petto" toujours, on peut penser qu'en ce qui concerne les réformes annoncées, le président a commencé par le plus facile, les cadeaux fiscaux à 200000 personnes. Pas trop dur. On attend, la reprise de la croissance , la réduction de la dette, la réforme de l'Etat etc...
Si les promesses faites à la masse des Français sur la réduction du chômage, l'augmentation des salaires, si les promesses faites à notre environnement international sur la réduction des déficits et pour une approche plus libérale de l'économie ( qui va trancher entre Monsieur Guaino et Monsieur Baverez?),si les engagements (?) pris auprès d'un électorat très sensible aux problèmes d'immigration, ne venaient pas assez vite, on peut se demander lequel des personnages multiples qui se cachent derrière notre séducteur et autoritaire, libéral et protectionniste, narcissique et affectif, laïc et communautariste président, prendrait le dessus?

S'il est démocrate de lui accorder le bénéfice du doute et même l'espoir de la réussite au service de tous, avant de plonger donc au coeur de l'été (et sans doute après), il nous faut être vigilant. Je retiens trois domaines qui réclament de la part des citoyens et de la société civile la plus extrême vigilance:
- La liberté de la presse: Est-ce l'état de grâce, la fascination ou une certaine mainmise? Toujours est-il que le danger d'un contrôle total de la presse ( déjà réalisé dans les médias audio visuels) est réel et demandera sans doute des réactions collectives;
- Les libertés publiques: certes la lutte contre le terrorisme préoccupe légitimement les opinions publiques et les dirigeants du monde occidental en particulier. Faut-il pour autant aller vers la société de contrôle ( vidéo surveillance intensive, création de fichiers de plus en plus exhaustifs, croisement de ces fichiers, utilisation des technologies numériques qui permettent à qui le peut et qui le veut de suivre à la trace tout citoyen?) Quelles informations entre les mains de qui? Nos sociétés sont elles tellement fatiguées qu'elles sont prêtes à subordonner les libertés à la Sécurité? La Commission Nationale de l'Informatique et Liberté vient de publier un rapport sur le sujet plus que préoccupant. Il a fait peu de bruit, preuve que l'opinion n'est pas assez alertée et que la réflexion et l'action juridique prennent toujours du retard dans ces domaines. Là aussi, les réactions collectives seront indispensables.
- Enfin, l'évolution de nos institutions. Les conditions dans lesquelles le Président a mis en place "sa" commission de réflexion sur les institutions ne me rassurent qu'à moitié. Comme Robert Badinter, j'aurai préféré une commission parlementaire. La constitution de la cinquième république n'a pas mis en place un régime présidentiel. Le passage du mandat présidentiel à cinq ans et la coïncidence de l'élection présidentielle et des législatives modifient sensiblement le mode de fonctionnement de la république. La vraie question en jeu reste: quels contre pouvoirs à un président que la nouvelle donne pourrait rendre tout puissant et irresponsable? Là encore, l'opinion ne se sent pas toujours concernée par ces questions de "droit". Mais , il s'agit d'un enjeu essentiel. De ces éventuelles réformes, dépendra l'évolution du régime vers une démocratie renforcée et pluraliste ou vers je ne sais quelle nouvelle "république impériale"

Où que vous preniez votre repos, et quelqu'en soit la forme, gardez un petit espace de votre cerveau pour ce rôle de vigile. A nous retrouver.

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