vendredi 15 juin 2007

Le grand Meeting


Voilà , c'était le meeting. Vous ne me croiriez pas si je vous disais que c'était mon premier meeting politique.Un meeting de gauche à deux jours de la deuxième vague bleue annoncée, fêtée en avance par tous les tambours et les fifres des médias et sondeurs surfant , avec rires et champagne , sur la dite vague. Woincourt! Qui connaît Woincourt? Le Vimeu est cette région de Picardie, entre baie de Somme et Seine maritime , où le pays est plat mais où les senteurs de la mer el la verdure des bocages donnent vigueur à la nature. Woincourt, comme tous les bourgs du Vimeu vit aussi de l'industrie spécialisée de la région: serrurerie, robinetterie, clés( pour l'ouverture!). Vieille activité remontant au moins au 17 ème siècle. D'abord comme travail de complément pour les paysans, puis socle de l'activité artisanale, puis, essor du chemin de fer aidant, prémices d'une activité industrielle qui verra fleurir les usines. On sait que le Vimeu est une terre de travail, d'efforts, de mérite, d'ouvriers et employés qui n'ont pas attendu les injonctions déplacées d'une bourgeoisie nationale moralisatrice et insultante. Et c'est foule de gens simples , modestes, mais fiers qui se pressent vers la salle polyvalente de Woincourt. Ils ont pris un grand coup le 6 Mai et depuis ils ne savent plus si encore une fois, ils vont devoir se faire petit devant les puissants du jour. Oh, bien sûr, on n'est plus au temps de Germinal - il y a même des collègues qui ont cru les propos démagogiques de l'autre- " travailler plus , gagner plus " bien sûr mais si le chomage ici est plus faible que la moyenne nationale, les CDD et les temps partiels et l'intérim sont monnaie courante: on vit au royaume de la précarité. Alors, pas de leçon de morale, ils ont travaillé beaucoup pour les plus anciens et ils ne peuvent pas travailler plus. Et les plus jeunes souvent employés à des salaires bien au dessous de leur qualification, ou dans des statuts précaires, ils voudraient bien prendre des risques, acheter " devenir propriétaire".
Alors , sans euphorie, ils reviennent vers la salle polyvalente,ils vont écouter Vincent Peillon , leur candidat , dynamique, courageux, maltraité naguère par des chasseurs mal informés, ils vont retrouver Ségolène Royal qui les avaient compris au mois de Février.
Je suis au centre de la salle , assis parmi ces sympathisants. Ils vont écouter avec patience les discours de "chauffe" plus ou moins réussis par des politiques locaux. Bien sûr, il n'y a pas plu manichéen qu'un meeting. Et dix fois l'on va nous parler du yacht à Malte, du Fouquet's, des privilèges pour les riches, et puis de cette TVA " sociale", celle qui va venir prendre dans la poche des petits l'argent nécessaire pour payer les cadeaux des riches". La salle écoute, y croit un peu , sous les injonctions du DJ local, elle va même timidement applaudir, reprendre les slogans. On les sent inquiets, troublés par la défaite, par l'image des divisions renvoyée par des médias à la parole gourmande.
Et puis, par le fond de la salle, "ils " vont arriver. Vinccent et Ségolène côte à côte s'avançant lentement vers la tribune. Les applaudissement se font plus vifs. Ce n'est pas l'hystérie.mais l'émotion est palpable. Ségolène, tailleur blanc, chemisier fuschia sourit. Je suis surpris: voilà quà mon tour, l'émotion m'envahit. Je mesure en l'instant, toute la force du soutien que j'ai essayé d'apporter dans cette campagne.
S'il n'y a pas d'hystérie, il y a une force magnétique autour de l'ex ( qui va nous dire qu'elle est prête à le redevenir) candidate.
Le discours de Vincent Peillon sera incisif, brutal, subtil, pertinent et iconoclaste, sur le fond et la forme: brillant.
Ségolène, en bouquet final- elle n'est pas tribun-enverra des promesses de lauriers pour Vincent et un engagement de chaque instant pour les échéances à venir.
La foule cette fois n'a pas envie de quitter la salle. Sur la scène, Ségolène signe et resigne des dédicaces, sur un bout de papier, sur un tee shirt, autant de mots que de sourires; Nostalgie et détermination:
oui, il reviendra le temps des cerises.(1).. les lumières vont s'éteindre. Et le souvenir que je garde au coeur

(1) Chanson de Clément Commune de Paris 1870!...)

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