jeudi 21 juin 2007

Le petit tsar de Neuilly ou l'Elysée au CAC 40


Je n'ai jamais pensé que Nicolas Sarkozy était fasciste. J'ai même souvent attiré l'attention de mes amis de gauche sur le risque qu'ils prenaient: la diabolisation est un boomerang. Chaque charge outrancière envers Sarkozy lui apportait une voix de plus. A voir le nombre de "une" de "l'hebdo des socialistes" qu'a fait Sarkozy, je ne crois pas avoir été entendu.
Je n'ai jamais cru non plus qu'il serait président: je pensais et je pense encore aujourd'hui qu'il n'en a ni l'étoffe ni l'envergure.
Mais il y a deux choses que je n'avais pas prévu: l'agilité tactique , idéologique-lui-même dirait pragmatisme- et manipulatrice de sa campagne d'une part et l'incroyable capacité d'auto destruction par les dirigeants socialistes de leur chance de victoire à travers la mise en pièces d'une candidate qui n'en pouvait mais..
Pour être exhaustif, il faut y ajouter une belle dose de machisme dans l'électorat français-y compris féminin- et quelques erreurs de parcours de la candidate elle-même.
Mais là n'est pas mon propos.
Je regarde, avec le moins d'a priori possible, les premiers pas du "Président". J'ai l'impression curieuse de voir un gamin intelligent mais un gamin espiègle et colèrique.Chef de bande de gamins des rues. Il prend un malin plaisir à faire tout ce qu'on lui a dit qu'il ne fallait pas faire, il met les pieds sur les fauteuils à l'Elysée, il court en short dans la rue, entre tsars, on boit une petite vodka, pendant que les chefs sérieux travaillent. Quand un ministre fait une petite bêtise, il le montre du doigt: vilain Eric, méchant Jean-Louis, mais c'est bon pour une fois, c'est moi le chef...Et les médias aiment cela!
Mais il EST président de la République, ce n'est pas une blague. Il est la France et cela c'est beaucoup plus sérieux.(cela deviendrait-il une tare d'être un tant soit peu intellectuel? Quel vide absolu quand il s'agit de promouvoir la grandeur et le message à portée universelle que le monde continue d'attendre de la France? Quelle faute d'analyse stratégique de penser qu'on peut diriger une nation comme une entreprise!)
D'abord les bons points ou le bon point: presqu'un sans faute sur le saut d'obstacles des élections( ah! Cette vilaine barre de la TVA sociale qui tombe à la dernière haie. Il ne l'avait qu'effleurée) achevée sur la constitution d'un beau gouvernement ( il n'y a vraiment que Besson qui fait tâche). Très habile. Moins de femmes mais aux bonnes places( Economie, Justice). Un pôle de gauche aux affaires étrangères, un pôle du centre à la défense. La diversité. Bien vu. Un peu de chance: un Juppé qui s'en va et on répare l'erreur de casting du premier gouvernement.(Borloo à l'économie)
Mais , comme dirait Cyrano de Bergerac, " c'est d'autant plus beau que c'est inutile". En effet, le seul qui gouverne , c'est le tsar:" je m'occupe de l'Europe, de la politique monétaire, de la Justice, de l'école, des handicapés etc...etc...Mais à quoi peut donc servir Fillon?
C'est haletant, c'est impressionnant, c'est épuisant! La fonction ne mérite-t-elle pas un minimum de recul?
Cela ne peut pas tenir.Déjà les premières tensions apparaissent. Les députés UMP râlent sur l'ouverture, la cacophonie s'installe dans la majorité sur la TVA sociale. La loi-cadre sur le service minimum fait tousser les organisations syndicales. Est-il astucieux de vouloir réformer l'Université en Juillet? N'a-t-il pas parlé trop vite à propos d'Ingrid Bétancourt?
Ses dossiers , contrairement à ce que son entourage a voulu faire croire, n'ont pas l'air aussi " ficelés" qu'on le dit.
Ces difficultés sont normales et le lot de tout dirigeant.
Mais je crois avoir identifié les deux traits de personnalité de Nicolas Sarkozy qui à mes yeux en font un homme dangereux:
- C'est un homme d'action impulsif et colérique, assez imprévisible
- Moins identifié, c'est un homme qui a un immense besoin de reconnaissance. Ses amis disent que "c'est un grand affectif".Aurait-il besoin d'être aimé? Et pour cela de se laisser à la faiblesse? Je le crois.
Ce n'est pas ce que l'on est en droit d'attendre d'un chef d'Etat.

Les premières mesures annoncées assez peu cohérentes( comme disait Libération ce jour, on dirait un Keynésianisme pour riches!) pourraient s'éclairer sous cet angle. Mais lorsque l'on va entrer dans "le dur", avec toutes les résistances attendues, qui va l'emporter? Le pragmatique ou l'affectif? Un jour l'un, un jour l'autre.
Le char de l'Etat risque de sérieuses embardées. Je ne les souhaite pas. On annonçait Thatcher ou Chirac. Aura-t-on Napoléon le petit? Tout dépendra de la qualité, de la finesse et de la vision de l'opposition. Je crains malheureusement que de ce côté là, on soit également mal parti.
La seule chose qui pourrait peut-être le faire changer de carrière, c'est de ne plus être tsar mais star. Avec les mêmes remunérations.Un grand patron d'une entreprise de 60 millions de...n'est-il pas payé pratiquement au SMIG?Va-t-il nous proposer l'introduction en bourse de la France?




Aucun commentaire: