mardi 5 juin 2007

Ribéry: bienvenue au club


Dans notre univers hyper communicant, il est affligeant de constater combien les propos de tous sont uniformisés, standardisés, formatés. Qui aujourd'hui ne prend pas ses cours de "communication" : hommes ou femmes politiques, artistes, people en tout genre. Je m'intéresse aujourd'hui aux sportifs et plus particulièrement aux footballeurs.Je sais le foot il y a les pour et il y a les contre.Inconciliables. Moi, j'ai l'impression d'être né avec un ballon au pied. Non- comme pourrait le penser certain- ce n'était pas génétique: mon père était allergique et mon grand père aussi ....
Mais il y a deux sortes de passionnés, les vrais et les faux. les vrais issus des quartiers populaires et qui comme moi passent des journées entières à taper dans une balle, les blousons servant de poteaux de but, les coupes du monde étant inlassablement jouéees et rejouées.Ceux qui comme moi, dès 10 ans, allaient le Dimanche après-midi au Match de V.A ( j'habitais la banlieue de Valenciennes) dans "la tribune de fer ", au milieu du club des supporters. Echarpes, fanions et trompettes. Bon enfant. Même si déjà ( en 59/60) les odieuses allusions racistes étaient spontanées, banales mais troublantes : les joueurs noirs s'appelaient Blanchette(!). A la mi-temps , le speaker du stade lançait sa grande "réclame": " Mi-temps, repos pour le joueur et pour vous spectateur le temps de fumer votre cigarette préférée,une....de la régie française des tabacs". Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui, les jeunes des quartiers populaires soient admis dans les stades: les prix sont trop chers? leur supposée violence inquiète? Le racisme est devenu plus insidieux ? Dommage.
Mais il y a aussi les faux: ceux qui à l'issue d'un repas pris rapidement à la fin d'un conseil d'administration, embarquent leurs amis politiques, journalistes dans leur jet et s'engouffrent dansles parkings privés d'où ils rejoignent prestement leurs loges de "sponsor" ( l'entreprise a payé cher!) . Les vêtements sont de marque, y compris la casquette, qu'on agitera gentiment en faisant semblant de faire la "ola". On trouvera bien le temps entre deux coupes de champagne et trois petits fours de s'extasier devant un geste technique imaginé.
Revenons aux discours. Avez-vous Canal? cette chaîne a réussi en moins de dix ans à passer de la chaîne spécialiste du foot, animée par des journalistes compétents, par des techniciens innovants ( Merci Charles, Thierry, Douce et sa palette etc...)à la chaîne du FOOT People, animée par les stars vieillissantes du football, certes brillants joueurs mais piètres journalistes , baptisés du sublime surnom de "consultant" Dites docteur, c'est grave, c'est combien la consultation? ( Celui que je préfère c'est Zidane, il se fait très rare, et ses commentaires sont laconiques :' BIHIN, RIHIN, TREBIHIN". )
La remise des trophés de l'Union nationale des footballeurs professionnels est carrément devenue "les césars du football" avec décor, tapis rouge, Olympia, public et trémolos.
Sur cette chaîne, comme sur les autres d'ailleurs, on ne regarde plus jouer les hommes , on les écoutes parler, format:" Oui, on est content ,on a pris les trois points; Oui, je suis content mais je veux surtout remercier les autres , c'est le collectif avant tout; Le coach l'avait demandé, on a été solidaire, on a rien lâché....etc.etc.
Alors quelle joie quand vient l'inédit, l'imprévu, la lumière et elle vient souvent des joueurs les plus simples, les plus populaires au sens chaleureux, spontané et modeste du mot.
Je voulais tirer mon chapeau à tous ces "artistes" de la rue, des quartiers sincères jusque dans la clarté de leur expression.
" Je me sens la tête bien dans les baskets" vient de déclarer Frank Ribéry. " Il faut qu'on se retrousse les coudes " avait dit Jean-Pierre Papin qui rêvait d'aller en Amérique.Frank fera son chemin d'homme. Jean-Pierre le fait discrètement mais brillemment. Il entraînait cette année le RC Strasbourg qu'il a fait remonter en Ligue 1. Il a créé aussi en 96 l'association
" 9 de coeur" pour venir en aide aux enfants atteints alors de la même maladie que sa fille.
A l'autre bout du spectre, ils rejoignent un autre poète footballeur qui laissera son nom dans l'histoire du sport et de la poésie/ Eric Cantona bien sûr. Et je ne peux résister au plaisir de vous laisser méditer ( si, si ,on peut encore) devant la réponse qu'il a faite un jour à la meute de journalistes qui voulaient le questionner sur le geste violent " agression caractérisée de Karatéka" faite sur un supporter anglais qui l'avait insulté: " Quand les mouettes suivent le chalutier, c'est qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines.....(?)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime ta façon, subtile, d'associer, sous le haut patronnage de Saint Ribéry, la littérature et le football (qui sont tes deux libellés sur ce billet). On oublie trop souvent à quel point notre sport fétiche a une dimension poétique!

Anonyme a dit…

Je crois que tu n'as pas autorisé la publication de mon commentaire précédent sur ce billet...